Le premier jour du reste de ta vie ○ Sebastian

Cette journée avait bien commencé. Je m’étais réveillé du bon pied au son du gazouillis des oiseaux qui nichaient dans l’arbre juste à côté de ma fenêtre. Habituellement, j’aurais été fâché et impatient que d’avoir été brutalement réveillé par ces petites créatures bruyantes, mais pour une raison que j’ignorais encore, cette journée me semblait être qualifiée de productive. Mon instinct me disait que je ne me levais pas pour rien aujourd’hui. Je n’allais peut-être pas être aussi heureux plus tard, alors autant en profiter maintenant.

De plus, j’avais souri lorsque, en simple boxeur, je m’étais étiré sur le balcon de ma fenêtre. Bien qu’il soit encore tôt, le soleil était déjà bien haut dans le ciel, réchauffant ma peau nue. J’étais bien et je ne pensais à rien de désagréable. Mes idées de destruction et de vengeance n’étaient pas présentes ce qui allégeaient mes épaules. Ce fardeau me pesait terriblement la plupart du temps.

Enfin, bref, de là où j’étais, je voyais la forêt et ses feuillus et ses conifères resplendissants de verdures. La vie continuait son cours normal, bien que des créatures de toutes sortes se promènent un peu partout dérangeant le cycle de la vie, tuant sans considération tout ce qui bougeait.

Je soupirai et me dirigeai vers la penderie où je restai là à me demander quoi porter en cette journée qui allait, je le pensais, être décisive. Mon choix s’arrêta sur une paire de jeans et un t-shirt. C’était bien simple, ce que je n’étais pas habitué à porter. Il y avait toujours des jours où nous n’étions pas nous-mêmes. Moi, c’était aujourd’hui. En fait, moi, je ne savais pas vraiment qui j’étais et c’était ce qui me pesait le plus.

Rapidement, je me brossai les dents et les cheveux en bataille, je m’éclipsai. J’avais envie d’une ballade dans les bois. Cela me ferait le plus grand bien. Je me retrouvai alors dans une clairière avec que le son de la nature comme guide.

Je commençai à marcher sans me soucier de rien. Mes pas me conduisirent vers un vieux pont qui semblait vouloir tomber en morceau, mais qui allait tout de même supporter le poids de ma propre personne. En bas, il y avait une rivière qui coulait sans grand courant apparent.

Bientôt, plus j’avançai, plus je remarquai qu’il y avait là une personne dans les herbes. Le soleil était au zénith dans le ciel et baignait cette personne de soleil. Je vis bientôt que c’était une jeune femme. Je ne voyais pas ses traits à cause du soleil qui était trop fort, mais soudain, elle commença à avancer vers moi, au début lentement, mais ensuite, de plus en plus vite.

La jeune femme s'élança finalement vers moi en hurlant :

- RAAAAAPHAAAËËËËËL !!!

Mais qui était donc ce RaphaËl? Je me retournai, perplexe, ne voyant personne derrière moi. Je fronçai les sourcils. Peut-être se trompait-elle de personne? Moi, je ne la connaissais pas du tout.

Arrivée à ma hauteur, je l’observai davantage. Ses traits m’étaient vaguement familiers, mais sans plus. Qui était-elle?

- Je peux vous aider?

Le contact avec Raphaël se révéla beaucoup moins chaleureux que ce à quoi la jeune sorcière s'attendait. A vrai dire il n'y eut même pas de contact physique, le sorcier s'étant arrêté net. En effet il ne bougea pas d'un pouce et son visage reflétait bien plus l'incompréhension que la joie. Peut-être ne l'avait-il pas reconnue ? Impossible ! Ils avaient passé plusieurs millénaires ensemble au Paradis et Raphaël avait toujours été en contact avec Calypso malgré des absences parfois longues. Arrivée à un deux mètres à peine de son ami, la sorcière cligna des yeux, indécise quant à quelle position adopter. Était-ce une blague ? Bien qu'il fasse preuve d'un minimum d'humour ils ne s'étaient pas revu depuis la libération des sorciers prisonniers des limbes par Damon et même si cela ne faisait si longtemps à leur yeux, Raphaël avait manqué à la sorcière. Celle qui, des siècles durant, s'était faite grondée, chaperonnée, aidée, supervisée, aimée par le majestueux archange. Calypso l'avait toujours apprécié car c'était l'un des rares qui avait chercher à la connaître, qui la voyait pour ce qu'elle était réellement et qui ne la détestait pas à cause de l'image qu'elle renvoyait d'elle-même. Depuis cette approche de Raphaël, une grande confiance s'était instaurée entre les deux sorciers, alors anges à l'époque, suivie par un très fort lien d'amitié. La jeune sorcière aimait sincèrement Raphaël, d'un amour fraternel bien entendu, aussi fut-elle peinée de l'expression qu'elle lut sur le visage de son ami bien qu'elle n'en laissa rien paraître, à son habitude. En presque 9 millénaires d'existence Calypso avait largement appris à se contrôler, comme tous les anges d'ailleurs. Cela lui avait demandé un certain temps mais c'était à présent chose faite. Grâce à cette nature enjouée qui la caractérisant tant, Calypso choisit de croire à la boutade. Raphaël avait presque cent siècles, il était capable de feindre n'importe quelle émotion et lisait dans Calypso comme à livre ouvert, malgré tous les efforts de la sorcière. Rayant cette expression incertitude d'une demi seconde, Calypso arbora un large sourire au moment où une nuée de papillons multicolores s'envolaient dans le ciel bleu et ensoleillé du midi d'une journée qui s'annonçait forte en retrouvailles.


CALYPSO ▬ Ravie de te voir aussi, lui répondit-elle d'une voix faussement teintée de reproches. Nous ne nous sommes pas revus depuis cette malheureuse affaire des limbes et, lorsque nos chemins se croisent à nouveau, voilà que tu feins de m'ignorer ? Je retiendrais cette belle leçon de fraternité tu peux en être sûr, rajouta Calypso dans un éclat de rire.

Un fort sentiment de joie étreignait la sorcière, plus qu'heureuse de retrouver son ami. Après les limbes les sorciers s'étaient tous volatilisés et Calypso ne rencontrait les gens qu'au compte-goutte. Du moins, les gens intéressants. Cette foutue ville était pleine de créatures malfaisantes toutes plus affamées les unes que les autres, que ce soit de chair ou de sang et la sorcière ne se réjouissait que trop de cette rencontre inopinée. Ou peut-être pas tant que ca ? Raphaël représentait un appui non négligeable et la sorcière comptait bien avoir une sérieuse discussion avec lui en ce qui concerne Raccoon City. Elle n'avait jamais vu tant de saletés de bestioles réunies et sa première rencontre avec un zombie ne l'avait que trop bouleversée. Comment les hommes avaient-ils pu créer une telle chose ? Elle qui les admirait, voilà qu'elle venait d'en prendre un coup. Après avoir assisté à quelques ravages de zombies et quelques affrontements entre buveurs de sang et mangeurs de chair, Calypso s'était soudainement sentie très, très seule. A vrai dire, Raphaël était la première tête familière qu'elle croisait depuis des lustres aussi la blague de son ami lui parût de très mauvais goût. Après une poignée de seconde interminable à ses yeux Calypso renchérit, soudainement moins joyeuse.


CALYPSO ▬ S'il te plaît ne fait pas cette tête ! Cette ville à beau être un lieu de mort il n'y a pas de raison de se lamenter sur notre sort, ce qui leur ressemblait très peu.

Attrapant vivement par le bras son ami, Calypso ne lui laissa pas le temps d'en placer une.


CALYPSO ▬ Allez viens, allons nous assoir sur ce pont, j'ai un tas de questions à te poser !.

Si il continuait à tirer cette tête d'enterrement il allait vraiment la mettre en rogne. Ou alors y'avait-il un problème ? Un véritable problème. Alors qu'elle lançait son bras afin de saisir celui du sorcier, elle fut soudainement prise d'un pointe d'angoisse. Quelque chose lui était-il arrivé ? Pourquoi n'était-il pas joyeux, souriant ou pour le moins amical ! Cette réaction ne ressemblait pas au Raphaël qu'elle connaissait et Calypso se demanda ce qu'il pouvait bien avoir vécu pour être ainsi. On abat pas un archange de 10 000 ans en quelques semaines. Quelque chose s'était réellement passé. Ou alors continuait-il de feindre ? Jamais moyen d'être fixé avec celui là, sa sagesse et son savoir des choses dépassaient bien Calypso et elle savait que s'il ne souhaitait pas lui divulguer le soupçon d'une information, et bien cela serait ainsi. Malgré son âge avancé et la sagesse accumulée, la sorcière avait gardée cette vive curiosité que certains, plus âgés encore, prenaient pour de l'insolence. Il est vrai qu'après avoir mis sens dessus dessous le Paradis, Calypso avait eu quelques progrès à faire en terme de comportement. Cependant elle ne se leurrait pas. C'était la raison de sa venue ici. Un stage de redressement en quelque sorte, sauf que chez les anges, on ne fait pas les choses à moitié. Si Dieu l'avait envoyée auprès de Raphaël alors Calypso savait qu'elle ne courrait aucun danger. Du moins bien sûr dans la limite du raisonnable. Elle savait largement se défendre toute seule et elle l'avait d'ailleurs prouvé à maintes et maintes reprises mais après ce qu'elle avait pu voir à Raccoon City, retrouver Raphaël était une sorte de soulagement.

Cette jeune femme d’une vingtaine d’années aux cheveux châtains clairs et aux yeux magnifiquement colorés me regardait d’un air perplexe, ne comprenant sûrement pas pourquoi je ne la reconnaissais pas. Moi, je fronçais toujours les sourcils me demandant bien qui elle pouvait bien être. Après des millénaires d’existence, il était clair que j’en avais croisé des gens! J’en avais vu de toutes les nations, de toutes les races. J’avais vu leur évolution, l’évolution du peuple des humains. Il était bien sur évident que même si je l’avais déjà croisé, je ne me souviendrais plus d’elle. J’avais une bonne mémoire, mais pas à ce point-là.

CALYPSO ▬ Ravie de te voir aussi. Nous ne nous sommes pas revus depuis cette malheureuse affaire des limbes et, lorsque nos chemins se croisent à nouveau, voilà que tu feins de m'ignorer ? Je retiendrais cette belle leçon de fraternité tu peux en être sûr.

Et la jeune femme eut un éclat de rire. Moi, je me demandais bien de quoi elle voulait parler.

- Les limbes? Murmurais-je.

Les limbes étaient l’endroit qu’on pouvait qualifier de l'au-delà situés aux marges de l'enfer. Un endroit dont j’ignorais l’existence véridique jusqu’à maintenant. Mais peut-être aussi, était-elle folle? Peut-être perdais-je mon temps avec elle? Peut-être devrais-je la laisser là avec son discours qui n’avait pas de sens? Cependant, la quête de la vérité était plus importante à mes yeux et la curiosité l’emporta. Peut-être, après tout, faisait parti de mon passé lointain, celui dont je ne me rappelais plus rien?
Cela semblait étrangement l’énerver que je ne lui réponde pas, que je ne sache pas de quoi elle parle. Moi, je ne savais pas quoi lui dire. J’étais ignorant après tout de qui j’étais….

CALYPSO ▬ S'il te plaît ne fait pas cette tête ! Cette ville à beau être un lieu de mort il n'y a pas de raison de se lamenter sur notre sort.

Sans que je ne m’y attende, la jeune inconnue m’attrapa le bras vivement sans me laisser de le temps de parler ce qui ne me plu pas le moins du monde. Cette fille était impulsive et impolie! Je n’aimais guère cela.

CALYPSO ▬ Allez viens, allons nous assoir sur ce pont, j'ai un tas de questions à te poser !

J’arrachai alors subitement son bras du mien. Je ne voulais pas qu’elle me touche. Qui était-elle pour ainsi agir de la sorte!

- Bon! Mettons un point au clair tout de suite! Je ne sais pas qui vous êtes ou même ce que vous me voulez, mais une chose est sure, vous semblez me connaître vous! Dis-je en haussant le ton et en la regardant droit dans les yeux. J’avais toujours ma main autour de son bras, le serrant ni trop fort ni trop délicatement. Alors, dites-moi? Qui suis-je pour vous?

Je lâchai son bras, redevenu calme et la fixai d’un regard insistant. Elle allait être obligée de me répondre sinon ce serait moi qui la ferait parler et ce sourire… Il ne resterait plus longtemps en place…

Cette fille commençait réellement à me faire perdre patience. Je n’étais pas vraiment sympa lorsqu’on me mettait dans ce genre d’épreuve. Si un de mes serviteurs m’énervaient, il finissait soit à l’autre bout du monde soit découper en petits morceaux. Si cette inconnue continuait ainsi, cela allait être aussi son sort. Bien sur, je ne savais pas à ce moment-là qu’elle était la clé de tous mes soucis, qu’avec elle, je redeviendrais peut-être celui que j’avais été jadis - ou pas. J’avais été corrompu par les Hommes. C’était peut-être peine perdue.

La jeune femme demeura cependant là sans dire aucun mort, une expression de surprise au visage après que je lui ai encore demandé qui elle était. Elle n’avait pas l’air de bien comprendre la situation et elle n’était pas la seule.
Soudain, elle sembla réfléchir et ensuite, me sourit. Qu’allait-elle bien faire cette fois-ci? En tout cas, ce n’était certainement ce à quoi je m’attendais. Elle me lança un léger sourire avant de disparaître et se matérialiser un mètre plus loin. Je fronçai les sourcils. Qui était-elle pour pouvoir faire cela et réussir cet exploit. J’avais peut-être de quoi me méfier après tout. Elle n’était certainement pas une simple humaine.

Tout en massant son poignet endolori, la jeune femme sembla m’inspecter quelques secondes. Moi j’étais interloqué. Elle ne m’avait toujours pas dit qui elle était pour moi et ça m’irritait. Elle, semblait inquiète.

CALYPSO ▬ Tu ne te rappelles vraiment pas de moi ? Elle laissa passer quelques secondes avant d'ajouter. Regarde mon visage, regarde-moi. C'est Ariel !

Je la regardai, mais ce nom ne me disait toujours rien. Une chose était certaine, Ariel était comme moi. Enfin, c’est ce que je pensais. Je n’avais pas vu d’autres créatures à ce jour avec les mêmes pouvoirs que moi. À date, elle était la seule. Soudain, je sentis une violente migraine envahir mon cerveau.

Moi, Sebastian, je n’étais plus là, physiquement, dans mon corps. Je flottais au-dessus du monde, de cette terre qui était mon monde. Que faisais-je là? Je décidai d’aller voir au vieux pont là où j’étais quelques instants plus tôt. Mon corps était toujours là devant la fille qui se faisait appeler Ariel. J’étais debout et je parlais. Moi, c’était comme si j’étais un fantôme, immatériel.

Raphaël : «Bonjour Ariel. Ça fait longtemps qu’on s’est vu? Je vois que tu as réussi à sortir des limbes sans trop de problème?

Qui était ce type qui osait parler à ma place? Je voulais retourner dans mon corps, mais en était incapable.

Raphaël : «Comme tu as pu le constater, j’ai un problème. Ma personnalité s’est dissocié et à créé Sebastian. Je ne peux pas rester longtemps. Et lorsque je repartirai, Sebastian ne se rappellera de rien, comme à chaque fois.»

Je restai interloqué. L’homme qui parlait à ma place, il me disait quelque chose.

Spoiler:

Mais c’était quoi cette blague? Je ne comprenais pas un traître mot de ce qui possédait mon corps disait. Je voyais ses lèvres bouger, mais rien n’en sortait. Moi qui étais impatient, je n’allais pas tenir longtemps. Je voulais aller lui botter les fesses pour le faire sortir de mon corps. Je détestais par-dessus tout qu’on me contrôle, alors là, c’était le summum pour moi. J’avais faire un massacre. J’essayai d’utiliser mes pouvoirs, mais rien ne fonctionnait. Je voulais le découper en miette, mais je ne pouvais rien y faire, à part attendre et le regarder faire, lui qui régissait ma vie.

Soudain, j’entendis un bout de phrase de ce qu’il disait tout brièvement, mais ce fut assez pour me faire froncer les sourcils en signe de reconnaissance. Cette voix… je l’avais déjà entendu mille et maintes fois. Je réfléchis quelques secondes, me demandant bien où. Ah oui! C’était la voix que j’entendais dans mes rêves, celle aussi que j’avais entendu la fameuse nuit où j’avais rencontré Natasha au bord du lac, celle qui m’avait guidé pour la sauver de ses blessures. Cette voix m’avait dit que nous étions la même personne. Peut-être la partie de ma vie que j’avais complètement effacée de ma mémoire. Mais pourquoi ne me parlait-il pas? Je voulais qu’il me dise qui il était, pourquoi cette fille avait les mêmes pouvoirs que moi? Qu’est-ce qu’elle était?

En tout cas, même si la fille était comme moi… Cette Ariel, elle restait quand même interloquée devant cet homme qui était moi, mais pas moi, en même temps. Que ça devenait compliqué cette histoire?!? Elle finit cependant par sourire. Peut-être avait-elle enfin la bonne personne devant les yeux. Je me souvenais qu’elle m’avait surnommé Raphaël tout à l’heure. C’était peut-être lui à présent qui prenait possession de mon corps.

Maintenant, la frustration s’était retirée de mon esprit. Je me posais mille et une questions. Allais-je savoir un jour ce que j’étais?
CALYPSO ▬ Bonjour son sourire éclatait de toutes parts. Oui, grâce à Damon. Mais j'ai comme l'impression que les limbes ne représentent qu'un infime problème par rapport à notre situation aujourd'hui... Qu'importe ! Raconte-moi ce qu'il se passe avec toi. D'où sors-tu de pareilles sautes d'humeur ?

L’homme sourit, puis répondu, et cette fois-ci, j’entendis tout. Enfin!

Raphaël : « Lorsque Dieu m’envoya sur Terre pour être le guide des humains, mes ailes furent coupés. Je ne sais pas vraiment pourquoi. À ce moment-là, je suis devenu humain, mais ma partie ange est toujours restée enfouie en moi, incapable de sortir pour redevenir ce que j’étais vraiment. Pourtant, j’étais tout à fait conscient de tout ce qui se passait autour de moi. Je ne pouvais cependant qu’agir sur de très courtes périodes. Cela a prit du temps à Sebastian, ma partie humaine, a découvrir ses pouvoirs. C’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai pu plus agir. Mais cependant, à chaque fois, Sebastian ne se souvient de rien. Tu sais, Ariel, j’ai tout fait pour pouvoir me sortir de là. Je suis bien contente que tu ais croisés ma route. Cependant, je ne sais pas comment tu pourrais m’aider. Il faudrait que je reprenne le contrôle, mais malheureusement, ça fait longtemps que Dieu, notre père tout puissant, m’a abandonné, serviteur du Diable en personne. Car, oui, malheureusement, Sebastian n’est pas extrêmement la meilleure partie de moi-même. Il a mis fin à la vie de tellement de gens que j’en ai honte. Le pire pour moi a été de ne rien pouvoir faire…. La plupart du temps. »

Un ange? Je serais un ange. C’était incompréhensible pour moi. J’avais fait tant de mal! Les anges n’étaient pas censés être la part ultime de bien dans notre monde? De plus, je n’avais jamais cru possible que Dieu, le créateur, exista pour vrai. Je ne comprenais pas tout simplement.

CALYPSO ▬ Encore ? Je ne comprends pas, comment est-ce arrivé ? Je n'ai pas eu de nouvelles de toi depuis bien avant les limbes mais si un évènement macabre s'était déroulé, j'en aurais été informée. Jamais je n'ai entendu une telle chose.. A part chez certains humains, on les appelle des schizophrènes !

Ariel riait, je ne comprenais pas pourquoi et elle semblait aussi songeuse. Et les anges pouvaient être schizo? Bien étrange tout cela? Peut-être quelqu’un m’avait coupé les ailes, une créature bien plus puissante que Dieu? Une malédiction avait peut-être été lancée, mais ni moi ni Raphaël ne semblait vraiment savoir qu’est-ce qui en était vraiment la cause. Cela allait peut-être même rester un mystère pour le restant de nos vies…

Raphaël : « Je ne suis pas sur, mais peut-être essayait-on de me tester? La schizophrénie n’existe que chez les humains. Je crois qu’il y a peut-être bien plus obscure que les créatures que nous retrouvons sur Terre. Enfin, bref, il va falloir que tu sois conciliante avec Sebastian. Il finira par se rappeler et me laisser toute la place qui me revient? Ou sinon, peut-être que Dieu voulait nous apprendre à nos dépens à avoir une part d’humanité? Même si celle-ci est mauvaise? »

Soudain, je fus projeté à des années de la scène à laquelle j’assistais. Tout autour de moi était blanc, peut-être le paradis? Cette jeune femme, Ariel, était devant moi à se faire punir par quelqu’un, une ombre, que je ne voyais pas distinctement. Moi, ou plutôt, j’imagine, Raphaël était là, lui aussi. Il essayait de faire comprendre à la personne de ne pas la punir. Il semblait vraiment se soucier d’elle, comme si elle était un peu sa petite sœur.

Aussi rapidement que je fus arrivée à cette nouvelle scène, je revins au présent. Je n’y comprenais rien. Je ne pensais pas que c’était Raphaël à l’origine de tout cela. C’était quelqu’un de bien plus puissant.

Raphaël eut un sourire et me regarda. Un clin d’œil plus tard, j’étais de nouveau dans mon corps, face à Ariel. J’eus un sourire à mon tour. Je me rappelais maintenant certaines choses, comme le fait que je tenais beaucoup à cette fille, comme si elle était ma petite sœur de cœur, d’une relation tout à fait fraternelle. Raphaël avait dit que je ne me souviendrais de rien, mais il avait tort. Je n’étais pas encore tout à fait guéri, mais c’était cependant beaucoup moins flou dans ma tête.

- Ariel, je crois que tu as beaucoup à me dire sur ce Raphaël et sur les anges, parce que là, dans ma tête, tout ce bouscule, et je déteste ne pas avoir le contrôle.

Spoiler:

Calypso : « Raphaël m'avait pourtant assuré que tu ne te souvenais en rien de ces ... changements mais c'est aussi bien que la mémoire te revienne ».

Il était clair qu’il était temps. Je voulais vraiment savoir ce qu’il m’arrivait. Cependant, cela aurait dû arriver bien avant, du tout où j’étais pure, que je n’avais pas perdu ma femme pour l’éternité et que mon cœur ne s’était pas obscurci. Un défi sûrement de plus dans ma vie. Je détestais ne pas avoir le contrôle, mais j’espérais que cette fille pour qui je me souvenais d’avoir eu des sentiments fraternels m’éclaire. Elle était certainement la clé à tous mes problèmes.

Elle avait parlé gracieusement et un doux sourire avait éclairé son visage tandis qu’elle me parlait.

Calypso : « Je me présente. Je m'appelle Calypso mais autrefois, tu me connaissais sous le nom d'Ariel et je te connaissais sous le nom de Raphaël. Je peux comprendre que tu sois perdu mais s'il te plaît, écoute-moi sans rien dire. »

- Comme tu veux, je suis prêt à t’écouter maintenant, dis-je en guise de réponse.

J’étais bien trop curieux à présent. J’avais enfin la chance de savoir d’où je venais, d’où provenaient mes dons. Le fait que je sois un ange… enfin que je l’étais, me perturbait vraiment. Je me sentais si sombre, si obscure. Les anges n’étaient pas censés être bons?


Calypso : « Nous nous connaissons depuis bien avant que ta mémoire ne te fasse défaut. Si la mienne est bonne, tu dois t'approcher de près de 100 siècles d'existence.

Je lui offris de grands yeux ronds. Je savais que j’étais vieux, mais cent siècles! C’était tout un choc! Je ne pouvais que me poser encore plus de questions, mais Arielle ne me laissait pas le temps de m’exprimer qu’elle enchaînait encore sur d’autres propos.


Calypso : « Nous sommes originaires du même endroit : le Paradis. »

Là, c’était beaucoup. Je venais du paradis?

- Du paradis? Je dois sûrement rêver là! Impossible! Je ne peux pas être une créature du bien! J’ai fait du mal à tellement de monde! Je devrais être un démon! Je ne peux pas te croire!

Mais plus je réfléchissais, plus ce qu’elle me disait était logique. Je ne venais pas de ce monde, je n’étais pas humain, je ne l’avais jamais été.

Au fur et à mesure que Calypso avançait dans son discours, Sebastian avait de plus en plus de mal à l'écouter. Cependant, il était hors de question de s'arrêter car Monsieur trépignait d'impatience. Plus elle s'avançait dans son récit, moins son interlocuteur semblait comprendre. Un élément que seul Sebastian possédait entravait son compréhension. Lorsqu'il prit enfin la parole, Calypso comprit ce qui l'agitait tant. Si elle ne savait pas ce qu'il avait pu faire durant ces siècles d’absence, voilà qu'elle en était maintenant inquiétée. Néanmoins, Sebastian ne pouvait être ce qu'il affirmait.


CALYPSO ▬ Un démon ? sans pouvoir le refreiner d'aucune sorte, la sorcière éclata d'un doux rire. Tu ne l'es pas Sebastian.

Comment pouvait-il se mettre ça en tête ? Même s'il avait eu de mauvais actes, Calypso était persuadée que Dieu lui avait pardonné. Sinon, pourquoi ce seraient-ils rencontrés ? Cette rencontre n'était certainement pas dûe au hasard et ça, la sorcière en était plus que persuadée. Elle avait depuis bien trop longtemps abandonné les croyances aux coïncidences. Aucune coïncidence n'était possible dans ce monde. Tout n'était que Destin. Calypso était depuis longtemps persuadée que l'histoire du monde était écrite, quelque part où elle n'aurait jamais l'accès. Sans pouvoir le voir ou même le toucher, le fait était là. Autrefois, Ariel avait assisté à bien trop de choses pour croire à ces misérables coïncidences. Elles étaient faites pour les humains. Pas pour eux.


CALYPSO ▬ Crois moi, ce que tu as fait appartiens au passé. Si nos routes se sont croisées c'est pour une raison. Tu dois retrouver la mémoire. Peut-être ne suis-je pas celle qui te la fera retrouver entièrement mais mon devoir est de te mettre sur la bonne voie. Dieu t'a pardonné tes erreurs, je n'en doute pas. Retrouve toi, retrouve cette confiance qui t'animais et suis ta voie !

En vue de la situation actuelle à Racoon City, il était impératif que Raphaël se reprenne. Les sorciers avaient urgemment besoin de lui. Fort de ses nombreuses expériences et de sa grande sagesse, Raphaël représentait un atout considérable. De plus, Calypso savait que son retour serait largement apprécié par Balthazar. Deux sorciers d'une telle envergure ! Balthazar savait parfaitement mener le groupe mais l'arrivée de Raphaël ne pouvait qu'attiser la confiance et l'espoir de chacun de leurs semblables sur Terre.

Sebastian semblait de plus en plus dans le flou total. A en croire l’expression de son visage, ces dernières années n"avaient pas du être tendres envers lui. Qu'avait-il pu bien se passer ? Calypso ne souhaitait pas replonger son ami dans le passé alors qu'elle tentait de lui ouvrir les yeux sur l'avenir, néanmoins elle sû à cet instant, qu'un jour ou l'autre, lorsque Raphaël aurait réintégré son corps, elle lui demanderait. A qui avait-il pu en parler ? A voir sa réaction de tout à l'heure, il n'était même pas au courant d'être un sorcier. Ni d'avoir été un Ange. De cette manière, Calypso était sûre d'être la première de ses congénères à qui il adressait la parole depuis de très, très, très longues années.

Quelle étrangeté. S'agissait-il d'une épreuve de plus à passer ? Sans aucun doute. Si Rapahël avait perdu la mémoire, nul doute que des forces extraordinairement puissantes étaient derrière cela. Et ces forces, Calypso n'en connaissait qu'une : Dieu.


CALYPSO ▬ Ta pénitence touche à sa fin mon ami. Il est temps pour toi de recouvrer ta véritable nature, ton véritable toi. Fais la paix avec cet être à l'intérieur de toi. Cherche le, ressens le ! Tu verras qu'il ne s'agit pas d'une menace. C'est ta clé. Dieu t'as pardonné tes erreurs, à toi de te pardonner toi-même. Ce n'est qu'à ce prix que tu retrouveras un jour la joie qui était tienne.

A quoi bon donner des détails sur leur statut passé d'ange. Ou sur le Paradis. C'était une époque révolue. S'il avait des questions, Calypso y répondrait sans rechigner car il était également important que Sebastian comprenne que Raphaël le représentait, qu'il n'était pas maléfique.