Le début de ma vengeance [Abraham Van Helsing]

Le cimetière… quel endroit lugubre! Il y avait des cadavres sous terres, une ambiance glauque qui donnait des frissons dans le dos… Pourtant, je m’y sentais à mon aise. Non pas parce que j’étais une espèce de morte-vivante, loin de là, détrompez-vous! J’aimais cet endroit parce que c’était si calme. Il n’y avait jamais personne qui ne criait ou s’amuser. Nous pouvions enfin nous entendre penser. C’était le calme absolu ce qui permettait de nous reposer. C’était aussi un lieu qu’on respectait. Nous nous devions de ne pas faire d’excès de voix pour nos ainés qui étaient morts. J’étais une des premières à respecter cette loi non écrite. Mon père était mort il y avait cela bien des années. Il avait été enterré ici dans ce cimetière dans un des coins qui avaient été jadis des plus resplendissants. Malheureusement, au fil des années, elle avait vécu les pires atrocités. Il y avait eu d’abord les profanations, les tempêtes, et surtout, le temps. Le pire ennemi de la mort.

À présent, la pierre tombale était effritée et on avait du mal à lire ce qui était inscrit dessus. Il n’y avait pas les années où mon père avait été en vie, seulement son nom gravé dans la pierre à tout jamais. Alexander Allen… Tu avais été tué par un misérable humain qui n’avait aucunement pensé aux conséquences de ses actes. C’était un dénommé Van Helsing qui avait fait le coup. Malheureusement, je n’avais jamais pu exercer ma vengeance parce que lorsque je retrouvai sa trace, il était déjà mort. Je n’avais cependant jamais perdu le goût amer que j’avais en bouche. Je voulais mettre fin aux jours de la descendance de cette homme qui m’avait enlevé une des dernières personnes au monde que j’aimais par-dessus tout.

Pourtant, après des centaines d’années de recherche plus ou moins intensives, j’avais pu enfin retracer un de ses descendants directs. Il était ici même à Raccoon City et s’appelait Abraham Van Helsing. Aussitôt que je l’avais vu pour la première fois, j’eus envie de le découper en morceau et de faire de la chaire à pâté avec lui. Mais, heureusement, je me ressaisis. C’était trop facile. Il ne souffrirait pas assez longtemps. Je ne pouvais pas me permettre cela après tant d’années d’attente. Je voulais qu’il souffre le plus longtemps possible.

C’est pourquoi je l’avais observé de loin pendant quelques temps trouvant ses faiblesses comme ses qualités. Il fallait que je trouve le moyen d’entrer dans son monde et d’y faire ma place sans qu’il ne se rende compte de ce que j’étais. C’était, comme vous pouvez vous en douter, un chasseur de vampires et de lycans tout comme a été son ancêtre. Il avait ça dans ses gênes, mais si je jouais bien mon jeu, il ne remarquerait jamais que j’étais une de ces créatures sanguinaires. Et quand je le voulais, je pouvais être une actrice remarquable.

C’était pour cette raison que j’étais ici. J’avais découvert qu’Abraham aimait bien passer du temps au cimetière pour réfléchir. C’était son endroit pour s’évader. Mon but était simple… Je voulais le séduire, l’amener à me faire confiance. Et vlan! Quand il ne s’en attendrait pas, je le ferais souffrir comme il n’avait jamais souffert. Ça allait me prendre du temps, mais j’allais y parvenir. Abraham ne faisait pas confiance à n’importe qui.
Je me plaçai donc devant la tombe de mon père et des larmes commencèrent à couler sur mes joues pâles. Le jeune homme passait presque toujours à cet endroit à ce moment précis. Il allait sûrement me voir et pourquoi laisser une fille dans la détresse? Il était gentleman, quand même!

J’étais là devant la tombe de mon père, les larmes coulant sur mes joues pâles guettant ma proie que j’attendais depuis si longtemps. Ce garçon avait un cœur et il allait sans aucun doute venir à ma rencontre. J’avais lu beaucoup à son sujet. Sa femme était morte dans d’affreuses circonstances. J’avais lu le rapport d’enquête et celui du légiste. C’est pratique quand on est un vampire, on peut s’introduire partout, il suffit d’hypnotiser les gens… De ce que j’avais pu conclure, c’était un vampire qui l’avait mis à mort, d’autant plus intéressant. Il était évident que c’était pour cette raison qu’il avait décidé de chasser les créatures de la nuit. Heureusement pour moi que j’avais une bague qui me protégeait du soleil. Je n’aurais pas cette faiblesse par rapport à lui. Il ne se douterait jamais que je sois une vampire. C’était véritablement à mon avantage.

Vous vous demandez sûrement pourquoi par exemple je n’utilisais pas mes pouvoirs de persuasion sur lui? Ce serait tellement plus simple effectivement, mais malheureusement, ennuyant. J’avais besoin qu’il tombe amoureux de moi pour de vrai. Des sentiments artificiels ne satisferaient pas ma vengeance assez. J’avais besoin que ça soit réel.

Que de joie quand j’entendis des pas derrière moi, mais rien ne se laissa voir sur mon visage à part une tristesse réel. C’était quand même mon père qui était dans cette tombe. Je l’avais véritablement aimé. C’était pour lui que je faisais tout cela. Il allait être fier de moi de là où il se trouvait.

Abraham :: - '' Je suis navré ... c'est la plus dure épreuve qu'on peut subir dans la vie. Et je le sais très bien car j'ai vécu ça moi aussi il n'y a pas si longtemps. Tout le monde vous dit que tout va bien aller qu'avec le temps, la douleur va disparaître et que tu vas l'oublié petit à petit ... mais ils ont tort, la douleur et la peine reste à jamais. ''

À ce moment, il était juste à côté de moi et avait parlé d’une voix basse et douce. Cette situation le touchait de près et c’était directement à mon avantage. Les larmes coulèrent de plus bel sur mes joues tandis qu’il parlait… Je ne voulais pas que ce soit dramatique juste triste, sans excès. Abraham n’avait pas tort lorsqu’il parlait, la douleur et la peine ne disparaissaient jamais. Elles étaient là pour l’éternité, fidèles accompagnatrices de la vie.

Abraham :: '' Si vous avez besoin de parler, je suis là, ne vous gênez pas. ''

Je me retournai à mon tour vers lui avec un regard d’une infinie tristesse. Devais-je vraiment lui parler de ce que je ressentais? Comment un être humain normal réagissait face à cette torture que de voir l’être aimé dans un cercueil sous terre? Je n’avais jamais eu d’humanité, alors la partie improvisation commençait maintenant.

- Merci, dis-je, reconnaissante. Je recommençai à parler quelques temps plus tard. Je me sens si seule depuis qu’il est partie. Vous savez après combien de temps elle s’estompe? Cette douleur dans la poitrine? Demandais-je d’un ton faussement et légèrement désespéré.

Quelques minutes s’écoulèrent tandis que je réfléchissais à la suite de la conversation. Je ne voulais certainement pas le faire fuir. C’était un peu plus difficile que je pensais que d’imiter les êtres humains.

Spoiler:

Après un long moment de silence et moi, de pleurs sourds et de larmes qui coulaient sur mes joues pâles, il me répondit d’un ton affreusement doux. Comment une personne que l’on pouvait détestait parlait avec une voix si attachante? Je ne me laissai pas démonté par ces émotions humaines qu’il dégageait. Au moins, mon interprétation était jusqu’à ce moment sans faille. Nous allions voir combien de temps j’allais tenir sans vouloir le déchiqueter en milles miettes.

Abraham : « C'est normal que vous, vous sentez seule ... Avec beaucoup de temps, vous allez remarquer que vous n'êtes pas vraiment seule. La douleur ? Sans vouloir vous faire de la peine, la douleur va rester pour toujours selon moi. »

Il était clair qu’il avait raison. La douleur ne s’estompait jamais, même après des millénaires d’existence, comme c’était le cas pour moi. Jamais on oubliait la souffrance d’avoir perdu un être clair. J’étais bien placée pour le savoir. J’avais encore cette plaie grande ouverte dans ma poitrine comme si on venait de me briser le cœur. Bientôt, lui-même, allait souffrir comme il n’avait jamais souffert, mais encore là, ce n’était qu’une question de temps.

En guise de réponse, je soupirai ne sachant que faire ou dire d’autres que de pleurer silencieusement. Au moins, il y avait quelque chose de vrai dans toute cette mascarade et c’était ma douleur et ma tristesse. Ça, je ne pouvais la feindre.

Soudain, je vis du mouvement provenant de lui. Il me tendait la main droite, sûrement pour se présenter. J’eus un petit sourire chaleureux. De mieux en mieux!


Il se présenta donc d’un ton tout à fait amical.

Abraham : « Je suis Abraham. À qui ais-je l'honneur ?»

Je lui souris encore, reconnaissante de son attention et lui serrai à mon tour la main.

- Je m’appelle Savannah et je suis enchantée de vous connaître.

Et je me relevai, séchant mes larmes et lui tendis la main pour que lui-même ne se relève.

- Dommage qu’on se soit rencontré dans un cimetière. Cet endroit me donne froid dans le dos, dis-je d’un ton amical moi aussi.

Contrairement à mon personnage que je jouais, j’adorais les cimetières. Les gens y venaient souvent seuls ou en petits groupes ce qui faisaient d’eux des proies faciles. Je pouvais me nourrir à ma guise en toute discrétion, mais cela, bien sur, Abraham ne devait pas le savoir.

- Une promenade? Je ne sais pas pour vous, mais moi, ça me ferait le plus grand bien.